La covid a bouleversé notre quotidien à toutes et tous depuis quelques mois et a fait naître de nouveaux protocoles sanitaires / de sécurité dans nos vies professionnelles comme personnelles. Distanciation sociale, désinfection des mains et port du masque sont aujourd’hui notre quotidien et nos réflexes (… ou presque !) mais dans certains secteurs d’activité, comme le recrutement, ces gestes et précautions peuvent effectivement être la « barrière » au bon fonctionnement d’une pratique. Qu’en est-il du masque en entretien ?
La communication non verbale en entretien
En entretien d’embauche, un recruteur ou une recruteuse ne va pas s’appuyer uniquement sur ce que vous dites. L’intérêt et l’importance des réponses que vous apporterez à ses questions, lui ou elle l’analysera dans les mots que vous employez, mais, aussi beaucoup, dans votre communication non verbale.
L’expression du corps comme communication principale
En effet, comme l’a démontré Grégory Bateson et l’école de Palo Alto*, tout comportement humain est une communication, ce que vous communiquez… ou souhaitez communiquer par la parole peut être complètement opposé à ce que votre corps laisse paraitre et ce que vos gestes trahissent. Il est indispensable de prendre en compte l’ensemble des signaux (comportement physique et vocal, les expressions faciales, les manifestations physiologiques, …) pour traduire au mieux une situation, une réaction ou un état d’esprit pour communiquer de manière adaptée à la personne en face, en entretien, en rendez-vous client, dans votre vie personnelle, etc.
Les études démontrent, à raison, que ce que nous ressentons et transmettons se lit d’ailleurs davantage par ce que nous laissons apparaitre, nos réactions physiques et nos expressions que par nos mots. Selon le professeur Albert Mehrabian et sa règle des 7%-38%-55%, les mots utilisés dans un échange compteraient pour 7% du message que l’on transmet réellement. Les 93% restants concernent les expressions et le comportement.
L’entretien professionnel et la communication non verbale
En entretien professionnel, où l’objectif est tout de même de recruter une personne, une personnalité, de déceler ses compétences, d’identifier ses axes d’amélioration, etc. Un recruteur ou une recruteuse va majoritairement s’intéresser à ce que, justement, vous ne dites pas et vous ne choisissez pas forcément de montrer : votre communication corporelle, votre communication non verbale, votre stress, votre confiance, votre peur, etc.
Certains gestes peuvent trahir vos mots lorsque vous vous trouvez dans une situation gênante ou stressante, ou au contraire parler à votre place lorsque vous êtes confiant.e, à l’aise, enthousiaste, etc. Ce sont des soft-skills essentiels pour un poste et donc dans un recrutement.
*courant de pensée du XXème siècle regroupant un grand nombre de théoriciens, qui a révolutionné le monde de la communication.
Le masque : un geste barrière… au recrutement ?
La communication non verbale se lit sur l’ensemble du visage. Élément crucial en recrutement, en ne voyant pas le bas du visage d’un.e candidat.e, on passe à côté d’indicateurs importants, qui peuvent avoir de fortes conséquences sur le succès de ce process.
Un entretien d’embauche muet, avec le masque
Le masque cache la moitié du visage, or les expressions, les réactions, les impressions, les repères sur lesquels peuvent se reposer à la fois un.e recruteur.se et le ou la candidat.e sont obstrués. Comment déceler un doute ? une hésitation ? une excitation ? etc.
Lire un sourire dans le regard, comprendre de l’enthousiasme dans les yeux, voir une surprise dans le soulèvement des sourcils et le froncement du front est une chose, mais pour comprendre le message dans sa totalité, c’est tout le visage qui parle, qui donne des informations. Chacun.e est différent.e alors il est important d’avoir l’ensemble des traits du visage. Comment anticiper / analyser des hésitations, de la prudence que l’on n’entend pas… et qu’on ne voit pas non plus ? Il y a plein d’expressions qui se lisent sur le visage et pas seulement à travers les mots.
Quel est le risque en entretien ?
En recrutement, les entretiens d’embauche sont avant tout pour déceler si oui, ou non, la personne correspond au poste pour lequel elle postule et, de l’autre côté, il s’agit, pour le ou la candidat.e de savoir si oui ou non ce poste lui plait, si il ou elle se sent à l’aise avec les détails des missions, etc. En d’autres termes, il s’agit de quelques minutes d’échange, de précisions, de rassurance, sur le poste et / ou ses compétences.
Le risque que peut engendrer le port du masque est donc de ne pas avoir toutes les infos qu’on a l’habitude de recevoir pour orienter un entretien. Le message ne passe pas dans sa totalité. Nous pouvons passer à côté « du signal d’alarme » d’un.e candidat.e quand il ou elle a besoin d’être rassuré.e, ne pas ressentir son enthousiasme, sa réserve discrète, etc. De fait, nous, recruteur.se, responsable, etc., nous risquons de ne pas transmettre la totalité des informations « qu’on attend de nous » par manque de communication, et ne serons pas en mesure de capter les attentes des candidat.e.s qui n’oseront pas poser de questions.
Ne pouvant lire les doutes ou inquiétudes sur le visage des candidat.e.s nous n’allons pas forcément leur donner l’occasion de le faire. Le risque est que les deux parties manquent d’informations importantes dans un entretien.
Quelle solution, donc, pour un entretien en sécurité ?
- Une entorse au protocole sanitaire pour l’entretien ? Peu recommandé, dangereux.
- L’appel visio ? l’interaction est plus limitée, on risque également de manquer d’informations que transmet le corps mais le recrutement digital fonctionne très bien.
- Adopter le « masque visière transparent » pour un entretien face à face ? Cela fait de la buée mais pourquoi pas ?
- Un panneau en plexiglas ? à tester ?